Le patron est un poète

Vous devriez entendre le patron lorsqu’il me compte fleurette : Calendula, Dame de Onze Heure, Soucis, Pissenlit, Poireaux… Avec poésie, il me déclare… la santé des sols des parcelles de vigne !

En effet, outre l’annonce du printemps, ces plantes sont de précieuses bio-indicatrice sur l’état du sol dans lequel elles se développent. On considère qu’une plante est bio-indicatrice si elle présente au moins 5 pieds par mètre carré.

Ainsi, tant qu'il n'est pas dominant, le pissenlit un indicateur de prairies riches. Sinon il indique un engorgement du sol en matière organique, un blocage par le froid et un compactage. La présence de poireaux est bon signe car cela signifie que le sol, bien pourvu en argile et en humus, a un fort pouvoir de rétention, sera très fertile et ne craindra pas la sécheresse. Pas comme le soucis des champs qui se plait dans les sols non argileux.

La luzerne maculée signifie un sol riche en base et en matière organique. La jolie Véronique de Perse révèle aussi un sol riche en azote et en matière organique.

Par contre la gracieuse Dame de Onze Heures indique des carences, un compactage du sol et une baisse de la vie microbienne. Le muscari en grappe nous dit qu’il y a un manque de potasse. Heureusement, le trèfle blanc est un très bon fixateur de l'azote.

Voilà pour ces quelques fleurs.

Et comme le printemps est aussi renouveau de certaines ardeurs, il me raconte aussi des histoires de confusion sexuelle… Vous savez, quand on fait croire aux garçons cochylis qu’il y a des filles cochylis alors que…non. Pour cela on place à des endroits précis des «puffers» qui vont diffuser des phéromones. Déjà un gros tiers de notre vignoble est couvert par ce procédé qui nous évite d’utiliser des insecticides.

Vous avez bien sûr compris que toutes ces observations et démarches sont destinées à réduire encore et toujours les traitements et les engrais. Quand on vous dit que nous sommes engagés dans des mesures agro-environnementales !